L’histoire se répète-t-elle ? Le spectre de la faillite hante à nouveau les esprits argentins, et l’Argentine se retrouve au bord d’une crise financière pour la troisième fois depuis 2001 à cause de ses dettes extérieur. Cette dette correspond à des prêts souverains (d’autres États, du FMI, de la Banque mondiale, etc.) qui sont devenus un véritable marché de titres de créance négociables. La crise économique argentine constitue un exemple récent et révélateur des problèmes engendrés par une dette extérieure. Depuis les années 1990, sa dette n’a cessé d’augmenter jusqu’à dépasser les 120 milliards de dollars. Mais les créanciers ont continué à lui prêter des fonds, jusqu’à ce que la crise de 2001 éclate, le pays déclara alors son insolvabilité eu égard à sa dette vis-à-vis des créanciers privés. L’Argentine était en faillite en raison de son échec à honorer cette dette extérieure qui avait atteint les 100 milliards de dollars. Les investisseurs se détournèrent du pays, et les flux financiers en direction de l’Argentine devinrent quasi nuls. Pour faire face à ces dettes le pays avait émis pour plus de 100 milliards de dollars en titres afin de refinancer sa dette. Pourtant, 13 ans plus tard, une toute nouvelle crise vient menacer l’économie de Buenos Aires.
Une crise légale
Aujourd’hui, la dette en question est de 15 milliards seulement. De plus, le problème actuel est plus légal qu’économique. En fait, après la crise de 2001, le gouvernement argentin a mené des négociations réussies au sujet de 93% de ses dettes. Les créanciers ont accepté d’annuler environ 70 % du montant des dettes et de prolonger la période de remboursement. Le reste des créanciers a refusé l’accord (notamment les fonds spéculateurs comme Elliott Management et Aurelius Capital, qualifiés par la présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner de « fonds vautours », tous d’origine américaine). En effet ils avaient racheté les créances à très bas prix durant la crise et cherchent à faire des profits en obligeant, par voie juridique, l’argentine à rembourser la dette à sa valeur nominale. Alors détenteurs de moins de 1% de la dette argentine, ces derniers exigent en revanche un remboursement total de leurs titres, soit une somme de 1,3 milliards de dollars (769 millions d’euros). Ces titres ayant été émis sur le territoire Américains jouissent de ce fait, de sa législation, Le juge américain Thomas Griesa a donné raison à ces fonds et a ordonné à l’Argentine de régler cette somme.
Par ailleurs Les deux fonds spéculatifs qui s’acharnent sur l’Argentine ont jusqu’à maintenant refusé de revenir sur leurs prétentions. Ils prennent le risque d’entraîner un défaut de remboursement – réel celui-là – de l’Argentine et de replonger le pays et sa population dans la crise. Le gouvernement argentin s’est déclaré prêt à rembourser ces spéculateurs, mais aux mêmes conditions que ses autres créanciers, c’est-à-dire avec une décote de 70 % de la valeur d’origine. Car s’il acceptait de payer les sommes réclamées par les « vautours », il entourerait le risque que tous ses créanciers remettent en cause les accords de restructuration de la dette passés et réclament d’être, eux aussi, remboursés à leur taux nominaux. Du coup le montant à rembourser pourrait dépasser les 100 milliards de dollars, ce qui dépasse, de loin, ses capacités financières. Cette situation économique guette également l’Espagne du fait des créance des fonds spéculatifs.
Un échec retentissant
L’Argentine se retrouve donc prise en tenaille par son obligation de régler sa dette, et l’interdiction qui lui est faite par une clause particulière, de traiter une partie des créanciers différemment du reste. Bien qu’elle ait le moyen de payer l’intégralité des 1,3 milliards de dollars demandés par les créanciers privés, elle ne peut se permettre d’envisager une telle solution à la crise.
En effet, l’Argentine ne dispose que d’une réserve de 28 milliards de dollars. La clause aurait cessé d’avoir effet en janvier 2015, l’Argentine espérait donc pouvoir trouver un accord ou maintenir le bras de fer jusqu’à cette date. Buenos Aires et les fonds spéculatifs américains n’ont pas réussi à trouver un compromis à New York. L’Etat argentin avait jusqu’au 30 Juillet 2014 à minuit pour parvenir à un accord et empêcher le défaut de paiement. Les fonds spéculatifs « ont essayé de nous imposer quelque chose d’illégal, a déclaré l’actuel ministre de l’Economie argentin. Nous allons chercher une solution juste, équilibrée et légale pour 100% de nos créanciers ».
Mais le bras de fer avec les fonds « spéculatifs » s’est soldé par un échec. Depuis peu, la dette argentine est donc exigible, et le pays est en défaut de paiement. La principale conséquence de cet état de fait est que le pays est privé du bénéfice des capitaux des marchés internationaux. S’il y a un accord rapide, l’impact sur l’économie argentine sera relativement limité. Autrement, l’économie du pays pourrait en être gravement affectée. Déjà, les conséquences dans les relations entre Etats en pâtissent étant donné que l’Argentine en est arrivée à porter plainte contre les Etats-Unis.