En juin 2013, le président François Hollande avait promis aux Français une reprise économique. Un mois plus tard, il affirmait que « la reprise est là ! », notamment lors de la traditionnelle interview télévisée du 14 juillet. Qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce qu’il y a réellement reprise économique ? Et qu’en est-il du marché de l’emploi, est-ce qu’il redémarre réellement en France ? Voici quelques éléments de réponse.
Distinction entre arrêt de la crise et reprise économique
En tout cas, les chiffres sont positifs, personne n’ira le contredire. Mais ils sont également à prendre avec des pincettes, car il n’y a pas d’amélioration significative, permettant d’affirmer que l’on se trouve réellement face à une reprise économique. En effet, il se trouve que le PIB français a connu une hausse de +0,5% au deuxième trimestre, pour stagner à +0,0% au troisième, avant de reprendre à +0,4% au quatrième trimestre. Il serait plus approprié de dire que l’on est plutôt face à un arrêt de la crise, plutôt qu’à une reprise économique. D’après l’Insee, l’on peut noter une progression au niveau de nombreux secteurs, mais cela reste insuffisant pour inverser la tendance au niveau de l’emploi.
Vers une hausse du taux de chômage d’ici juin 2014 ?
D’après les dernières prévisions de l’Insee, il faudra prévoir une hausse du taux de chômage d’ici juin 2014. Ce taux devrait ainsi s’élever à 11% à cette période, s’il était encore à 10,9% à la fin du troisième trimestre de l’année dernière. Selon Cédric Audenis, chef du département de la conjoncture de l’institut de statistiques, la progression du taux de chômage devrait être en moyenne de 0,3% par trimestre. Ce qui montre toutefois une certaine stabilité, contrastant avec la tendance à la hausse qui prévalait en 2012 et 2013. D’après lui, cela pourrait s’expliquer par « une reprise de l’activité, poussive, mais reprise quand même, qui fait que les entreprises vont arrêter de diminuer leurs effectifs ».
François Hollande reste confiant
Ainsi, l’on parle plutôt de stabilisation. Mais de son point de vue, François Hollande reste optimiste, et voit plutôt une bonne occasion d’inverser la courbe du chômage cette année 2014. Selon lui, tout est déjà en place pour que l’inversion de la courbe puisse se faire, comme les mesures en faveur de l’emploi des jeunes. Michel Sapin, ministre du Travail, d’estimer même que l’objectif du gouvernement est « déjà atteint », notamment avec la baisse du taux de chômage auprès des jeunes, et avec la baisse du nombre de demandeurs d’emploi au quatrième trimestre de l’année dernière.
Cependant, cette stabilisation pourrait également ne pas traduire la réelle tendance du marché de l’emploi. D’après Laurent Clavel, responsable de la synthèse conjoncturelle de l’Insee, « ce qui stabilise le taux de chômage entre le troisième et le quatrième trimestre, ce sont les emplois aidés ». Grâce à cela, les emplois non marchands devraient toujours continuer sur leur progression (33.000 postes) durant ce premier trimestre 2014. Mais face à l’augmentation de la population active (113.000 personnes), le taux de chômage devrait encore progresser, pour atteindre 11%, comme dit plus haut.
Pas de miracle possible
Le fait est que l’économie ne crée pas suffisamment d’emploi par rapport au nombre des demandeurs d’emploi, lorsque le taux de croissance se situe à moins de 1,5%. Pourtant, les estimations chiffrent ce taux à 0,9% pour 2014. Ceci dit, c’est déjà bien mieux qu’en 2013 (0,2%). Mais on reste encore loin d’une reprise solide au niveau du marché de l’emploi. Aussi, cette stabilisation pourrait bien faire place à une reprise possible, mais pour l’instant, ce n’est pas encore le cas.